In her shoes (Curtis Hanson, 2005)

Automne 2005 à la cinémathèque de Bercy, rétro Sirk. Je sors de Le temps d’aimer et le temps de mourir avec un autre cinéphile. La discussion se porte naturellement sur les derniers films vus au cinéma. Le mec, même s’il a des goûts larges, est plutôt branché chambaras, vieux cinéma japonais, cinéma bis. Il nous conseille très vivement d’aller voir In her shoes. Je lui demande de confirmer que c’est bien ce à quoi je pense, c’est à dire la dernière comédie romantique avec Cameron Diaz. Il confirme, tout en précisant que ce n’est pas tout à fait une comédie romantique et que Cameron Diaz l’a épaté alors que d’habitude il ne la supporte pas.

Janvier 2008. En vérifiant les horaires de diffusion de Desperate d’Anthony Mann, sur Cine polar, je tombe sur ceux de In her shoes sur Cine premier. Je me rappelle alors la rétro Sirk et je tente le coup, d’autant que moi, je n’ai rien contre Cameron Diaz. Bien au contraire. Eh bien, deux ans après, je me dois de remercier cet amateur fameux de chambaras pour son conseil. In her shoes est en effet un bon film, un film qui à l’instar des meilleurs produits de l’usine à rêves régénère les multiples clichés qu’il charrie grâce à une réelle conviction d’auteurs talentueux. Pas de second de degré déplacé, pas de gags débiles, pas de mise en scène ostentatoire mais une écriture dramatique impeccable et un filmage dont la figure de style la plus élaborée est le champ-contrechamp, c’est à dire un filmage entièrement focalisé sur les acteurs qui sont au centre de l’histoire, qui sont l’histoire, qui sont le film. Et si le film est si prenant, c’est en grande partie grâce à eux, ou plutôt à elles, les hommes ne tenant que des seconds rôles dans In her shoes qui est avant tout une jolie histoire de femmes. Cameron Diaz et Toni Collette -en plus d’être ravissantes- donnent une réelle épaisseur à des personnages a priori très conventionnels. Et c’est un plaisir de voir que la grande Shirley MacLaine continue à tourner dans de bons films. On pourra toujours regretter certaines sous-intrigues dispensables (l’histoire d’amour de la grand-mère), une musique sirupeuse qui détonne avec un ensemble relativement sobre mais ce serait idiot de bouder son plaisir. In her shoes est la preuve qu’un certain savoir-faire hollywoodien, celui qui en faisant la part belle aux personnages nous fait croire pendant deux heures à des histoires somme toutes conventionnelles, a encore de beaux restes.

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