Contes des chrysanthèmes tardifs (Kenji Mizoguchi, 1939)

Il s’agit d’un des films les plus authentiquement mélodramatiques de Mizoguchi. Dans cette histoire d’un couple de comédiens qui brasse plusieurs époques, une seule constante: l’amour pur, inconditionnel, sacrificiel de la femme. Le scénario évolue avec des coups de théâtre (décès impromptu par exemple) qui arrivent parfois sans explication du fait d’ellipses audacieuses. Ce déterminisme (systématiquement négatif) peut agacer mais ce qui compte, ce qui intéresse les auteurs, ce sont les réactions des personnages face à ces coups du sort, l’évolution de leur couple face aux aléas. D’ailleurs, l’actrice principale est -évidemment- très émouvante. Dans Contes des chrysanthèmes tardifs, elle s’appelle Kakuko Mori. On pourrait caractériser la mise en scène de Mizoguchi sur ce film par une apparente oxymore: « épure sophistiquée ». En effet, les nombreux travellings et panoramiques ne sont pas là pour donner le vertige au spectateur mais pour aller à l’essentiel en un minimum de plans. Le film, s’il n’atteint certes pas les cimes plastiques de L’intendant Sansho ou Les amants crucifiés, contient plusieurs plans sublimes.
En revanche, Mizoguchi et ses scénaristes (Yoshikata Yoda, le scénariste des chefs d’oeuvre des années 50, a travaillé sur ce film) n’ont pas encore atteint leur plénitude narrative. Contes des chrysanthèmes tardifs semble parfois trop long, notamment a cause de certains dialogues qui n’ont d’autre fonction que d’appuyer le pathos. Les derniers films de Mizoguchi durent presque une heure de moins et sont nettement plus denses.
Bref, Contes des chrysanthèmes tardifs est un beau mélo bien qu’imparfait dans sa construction dramatique. Ce qui vaut mieux que le contraire. Non ?

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