Most dangerous man alive (Allan Dwan, 1961)

Injustement condamné à mort, un homme s’évade. Pendant sa cavale, il traverse un désert où ont lieu des essais nucléaires. Son corps acquiert alors la dureté de l’acier…

Le dernier film du prolifique Allan Dwan est particulièrement sombre. Après avoir aligné les chefs d’œuvre édéniques et somptueux, le vétéran -toujours associé à Benedict Bogeaus- entreprend de raconter l’histoire d’un homme tiraillé entre un nihilisme vengeur et l’amour d’une femme qui le pousse à tout faire pour reconquérir son humanité. Le cinéaste y met le même génie fait de condensation et de simplicité frontale mais, à la luxuriance visuelle de Cattle queen of Montana, Passion et autres River’s edge s’oppose désormais la sécheresse monochrome de saisissants tableaux de désolation. Quelles qu’en aient été les éventuelles raisons économiques, il n‘y a qu’à voir la terrible fin où les militaires américains éradiquent l’importun au lance-flamme pour se rendre compte que le retour au noir et blanc de la part de Dwan est, esthétiquement parlant, amplement justifié. Génie d’une certaine série B américaine où contraintes de production et qualités de mise en scène ne sauraient être distinguées. Face à une telle ampleur désespérée dans le constat de l’impossibilité du retour parmi les hommes, Terminator II peut aller se rhabiller. Ron Randell, acteur australien qui n’a pas eu la carrière qu’il méritait au cinéma, excelle dans le rôle-titre tandis que Debra Paget est sublime en garce fragile prête à toutes les séductions pour sauver sa vie. Most dangerous man alive est ainsi un des très rares chefs d’oeuvre du cinéma américain classique de science-fiction.

5 commentaires sur “Most dangerous man alive (Allan Dwan, 1961)

  1. bien qu’il soit sorti en 1961, ce film a en réalité été tourné en 58 et n’a été distribué que trois ans plus tard pour d’obscures raisons.
    Contrairement à vous je n’y vois pas du tout un chef-d’œuvre, tout juste une curiosité avec un gros potentiel mais une exécution assez plate. Cela dit Dwan reste un cinéaste passionnant, dans sa longévité comme son style. Des classiques (ses collaboration avec Fairbanks et Swanson sont incontournables), quelques bijoux mésestimés (Le Mariage est pour demain, Quatre étranges cavaliers, Angel in Exile, The River’s Edge) et de nombreuses réalisations inégales mais pétries de qualités (Tornade, La Reine de la Prairie, Escape to Burma et The Restless Breed pour ceux qui me viennent en tête). Quelle filmo !

  2. La fin, quand même, n’avez vous pas été impressionné? Vous l’avez trouvé « plate »?
    sur les dix films de Dwan produits par Benedict Bogeaus, j’en ai vu 9 et selon moi, ce sont tous des merveilles.

  3. « La fin, quand même, n’avez vous pas été impressionné? Vous l’avez trouvé « plate »? »
    -> elle est en partie gâchée par l’interprétation médiocre de l’acteur principal et la pauvreté des trucages. De plus une fin, toute bonne soit-elle, ne sauve pas un film non ? Quitte à commettre un crime de lèse-majesté, dans le genre « constat de l’impossibilité du retour parmi les hommes » comme vous dites, je préfère largement Terminator 2 !
    Sinon je trouve aussi que la collaboration avec Bogeaus est un sommet dans la carrière de Dwan: donnez-moi tous les muets que j’ai vus de lui (et certains sont excellents) contre Tennessee’s Partner. J’aimerais bien voir Enchanted Island qui semble difficile à trouver.

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