Y aura t-il de la neige à Noël ? (Sandrine Veysset, 1996)

Sept enfants et leur mère sont exploités par leur père, agriculteur…

Que ce soit Leos Carax qui ait encouragé son assistante à passer à la réalisation ne change rien au fait que ce premier film de Sandrine Veysset a plus à voir avec le réalisme brutal d’un Maurice Pialat qu’avec le foisonnement kitsch des Amants du Pont-neuf. Loin d’être une épigone de l’auteur de La gueule ouverte, la jeune cinéaste a trouvé une voie inédite en ceci que, à travers une mise en scène très crue, elle revitalise la tradition du conte de fées. Partant d’un postulat lourd de connotations sociales, elle évacue tout discours sociologique pour se concentrer sur l’amour porté par une femme à ses enfants face à un père monstrueux.

Une part de son génie est que jamais sa caractérisation, au fond aussi manichéenne que dans La nuit du chasseur, ne semble caricaturale ni n’altère la justesse des comportements. Un montage serré et un discret sens pictural permettent au récit de garder un rythme intense malgré une ponctuelle répétitivité des péripéties. Des interprètes miraculeux de précision, Daniel Duval et Dominique Raymond (belle sorte de Juliette Binoche campagnarde), aident l’auteur à maintenir son subtil équilibre entre vérité documentaire de l’enrobage et archaïsme mythologique des soubassements. Le singulier lyrisme de Y aura t-il de la neige à Noël ? culmine dans son avant-dernière séquence, une des plus belles fêtes familiales de l’Histoire du cinéma français.

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