La mort du cygne (Jean Benoit-Levy & Marie Epstein, 1937)

Par passion pour la première étoile du corps de ballet, un petit rat de l’Opéra de Paris commet l’irréparable…

La mort du cygne fusionne admirablement documentaire sur l’Opéra-Garnier, mélodrame et, même, film d’horreur en ceci qu’il préfigure les films des années 70 sur les enfants diaboliques. Les décors, les accessoires et les cadrages renforcent joliment ce côté horrifique mais le film de Epstein & Levy se distingue de sa descendance dégénérée par la précision dialectique avec laquelle il restitue tous les soubresauts de la folie enfantine. L’identification à la jeune héroïne, le fait que le spectateur la suive dans son cheminement jusqu’au geste fatal rendent La mort du cygne infiniment plus pervers et donc plus passionnant qu’un truc comme L’exorciste. C’est autant un film sur la danse que sur l’enfance. Les auteurs de La maternelle dirigent les comédiennes amatrices (mais danseuses confirmées) avec une grande justesse. La jeune Janine Charrat est épatante. Finalement, si La mort du cygne n’atteint pas tout à fait à la grandeur espérée, c’est à cause d’un relatif manquement dans les finitions: des dialogues trop littéraux dans les moments les plus dramatiques et un montage parfois douteux (ainsi ce gros plan sur le visage de la jeune fille inséré dans la scène de l’escalier où le superbe plan d’ensemble suffisait amplement) nuisent à l’achèvement de ce, tout de même, bien beau film.

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