Le dibbouk (Michal Waszynski, 1937)

L’esprit de son amoureux décédé prend possession du corps d’une jeune fille que son père souhaite marier à un riche, envers et contre une promesse faite à son ami qui était le père de l’amoureux.

Le film yiddish le plus célèbre et le plus ambitieux n’en souffre pas moins d’une mise en scène indigente -aspirant à Murnau mais préfigurant Ed Wood- et de gros problèmes de rythme (accentués en version longue mais existants en version courte).

Mir kumen on (Aleksander Ford, 1936)

La vie dans un sanatorium pour enfants construit par le Bund, organisation socialiste juive.

Les chants d’enfants faisant des farandoles dans la nature sont d’autant plus poignants qu’il est impossible de regarder ce film sans avoir à l’esprit ce qui est arrivé à la quasi-totalité de ces jeunes Juifs polonais une demi-douzaine d’années après le tournage. Mir kumen on (en yiddish: « Nous arrivons ») est un film d’un sublime particulier.

Green fields (Edgar G.Ulmer et Jacob Ben-Ami, 1937)


Un étudiant en théologie à la recherche de l’authenticité juive, est accueilli par un village d’agriculteurs.

Le thème est original et intéressant mais le récit dévie rapidement vers une historiette amoureuse banale, mal écrite (ça se traîne beaucoup) et pas très bien jouée. De plus, les quelques images pastorales ne camouflent guère l’indigence de la mise en scène.

The light ahead (Edgar G.Ulmer, 1939)

Dans un village juif menacé par le choléra, un estropié tombe amoureux d’une aveugle.

En raison de l’estampille « Edgar G. Ulmer », The light ahead est un des rares films yiddish à ne pas avoir complètement disparu de la circulation aujourd’hui. C’est un précieux témoignage d’une culture anéantie peu de temps après sa sortie dans les conditions que l’on sait. Si la reconstitution d’un village d’Europe centrale avec deux décors et demi dans un studio bon marché du New-Jersey n’est guère crédible, l’histoire adaptée de Mendele Mokher Seforim est pleinement ancrée dans le folklore ashkénaze. Fatalité et superstition archaïque se conjuguent pour le malheur éternel des juifs misérables. Ce pathos revendiqué n’a rien à voir avec le mélodrame et n’empêche pas l’humour. Ainsi, le spectateur n’est jamais conduit à s’apitoyer sur les handicaps des deux personnages principaux et les auteurs sont critiques vis-à-vis de la traditionnelle résignation juive. Les acteurs sont bons (la future femme de Lee J.Cobb, Helen Berverley, joue la jeune aveugle), Ulmer arrive à tirer parti des contraintes du studio pour styliser l’image et, en dépit du statisme théâtral qui régit une bonne partie des scènes, le film est parfois beau.