Dans un village juif menacé par le choléra, un estropié tombe amoureux d’une aveugle.
En raison de l’estampille « Edgar G. Ulmer », The light ahead est un des rares films yiddish à ne pas avoir complètement disparu de la circulation aujourd’hui. C’est un précieux témoignage d’une culture anéantie peu de temps après sa sortie dans les conditions que l’on sait. Si la reconstitution d’un village d’Europe centrale avec deux décors et demi dans un studio bon marché du New-Jersey n’est guère crédible, l’histoire adaptée de Mendele Mokher Seforim est pleinement ancrée dans le folklore ashkénaze. Fatalité et superstition archaïque se conjuguent pour le malheur éternel des juifs misérables. Ce pathos revendiqué n’a rien à voir avec le mélodrame et n’empêche pas l’humour. Ainsi, le spectateur n’est jamais conduit à s’apitoyer sur les handicaps des deux personnages principaux et les auteurs sont critiques vis-à-vis de la traditionnelle résignation juive. Les acteurs sont bons (la future femme de Lee J.Cobb, Helen Berverley, joue la jeune aveugle), Ulmer arrive à tirer parti des contraintes du studio pour styliser l’image et, en dépit du statisme théâtral qui régit une bonne partie des scènes, le film est parfois beau.