Des gens comme les autres (Ordinary people, Robert Reford 1980)

C’est avec ce drame familial, son premier film en tant que réalisateur, que Robert Redford a chipé l’Oscar à Martin Scorsese l’année de Raging bull. A la vue des premières images, il serait facile de stigmatiser le conservatisme d’une académie qui privilégierait sujets lourds de sens (psychanalyse…) et imagerie néoclassique face au style baroque et violent de Scorsese. Pourtant Des gens comme les autres est un très beau film, dans la veine d’un certain cinéma américain des années 50: celui de Nicholas Ray ou d’Elia Kazan. Celui sur la faiblesse d’Américains qui se démènent tant bien que mal avec leurs sentiments. Ici, la psychanalyse est au centre de l’histoire racontée, ce n’est pas un apparat intellectualisant fait de symboles lourdingues, c’est un sujet pris à bras le corps et vecteur d’émotions. Les personnages -tous excellemment interprétés- sont magnifiques, aucun -même le personnage de la mère incompréhensive- n’est surchargé, aucun ne semble sacrifié au scénario, leurs motivations, leurs sentiments sont parfaitement exprimés. La mise en scène classique donne un sens profond à ce qui est filmé sans souligner quoi que ce soit. Je pense notamment à cette séquence déchirante de la photo de famille. La bande-son comporte de superbes standards classiques (canon de Pachelbel) utilisés de façon parcimonieuse, émouvante mais pas pathétique. Grâce à une finesse exemplaire dans l’écriture et l’interprétation, Des gens comme les autres est un des drames familiaux parmi les plus justes et les plus bouleversants qui soient.

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