Sur un coup de tête, une Suédoise de bonne famille en villégiature à Porto Rico épouse un potentat local.
Cela aurait pu être le beau portrait d’une femme confrontée à ses illusions, sujet sirkien s’il en est. Faute de nuances et de surprises dans la caractérisation des personnages, ça ne s’élève jamais au delà du ramassis de clichés. La vision du mâle sud-américain est franchement raciste. Ajoutons que, plastiquement, le pittoresque latino inspire moins le futur Douglas Sirk que les champs d’Europe du Nord que l’on retrouvait Das Mädchen vom Moorhof, et on comprendra que La habanera est un film franchement inintéressant.
Ouf, enfin quelqu’un qui soupire comme moi devant ce Sirk-là (en attendant « Panamatta bagne de femmes » ?)…
j’y viens, j’y viens…
[…] avis sur des films quelques phrases pour ne pas oublier des films rares (ou pas) que je ne suis pas prêt de revoir « La Habanera (Detlef Sierck, 1937) […]
Moi l’inconditionnel de Sirk, je dois avouer que je n’aime pas non plus ce film, tellement en-deçà de ce que le cinéaste nous offrira à Hollywood…
Je réponds aux personnes précédentes qui se définissent pourtant comme des inconditionnels de D. Sierck. Je ne suis pas
si sûr que D.Sierck ait pu tomber tout d’un coup dans la mièvrerie et le gros cliché. Il utilise, il est vrai, de gros clichés,
très soulignés même ; le choix de l’air du Toreador de Carmen
qui n’était pas joué dans les arênes du monde hispanique, nous
plonge dans un univers de carte postale.
Le film n’est pas un cliché ; il utilise les clichés pour nous indi-
quer que nous fonctionnons majoritairement selon des stéréotypes. Nous avons, par ex. une vision sublimée de pays
orientaux (la « magie de l’Orient ») et des déceptions personnelles.
Les gens du Midi n’y échappent pas…
Dans le film, le mari est un macho (avec cependant des sentiments mitigés) mais Astrée elle aussi conditionne son fils
Juan avec la nostalgie d’un pays qu’il ne connaît pas.
Il y a un conflit culturel en prime.
Détrompez-vous…ce film n’est pas une espagnolade.
De même que « Das Mädchen von Moorhof »(La fille des marais)
n’est pas un film sur l’Allemagne rurale / valeur-refuge ; le décor
certainement, mais il y a la conception sociale de D.Sierck.
Bien malin ce D.Sierck qui sait se jouer de nous.
je trouve ça un peu facile d’excuser les clichés en prétendant que « c’est fait exprès, le cinéaste se joue de nous ». je n’ai pas ressenti d’ironie pour ma part.
1937, c’est quand même un peu tôt pour le post-modernisme de petit malin.
L’esprit humain (avec ses ressources) est intemporel.
Nous ne sommes pas supérieurs aux générations précédentes.
Nous bénéficions tous d’idées déjà formulées, qui n’ont pas
toujours pu se développer selon les époques ou les lieux.
Les avant-gardistes…faut voir…
Revenons au sujet…
D.Sierck garde le même esprit, même avec un film apparemment
léger.Il répond aussi aux impétatifs commerciaux de la UFA :
film distrayant, consécration de la star, chanson mémorable.
De même que D.Sierck a toujours su envelopper dans ses
mélodrames des idées plus sérieuses ; de même que ses films
ont été, un temps, dévalorisés, puis redécouverts et réhabilités,
je reste persuadé que c’est un film à revoir avec un autre regard.
D.Sierck ne mérite pas que l’on déclasse « La Habanera ».
C’est pour la bonne cause que j’insiste.
C’est (aussi) amicalement que je réponds.
L’esprit d’un forum doit être collégial.
Cordiales salutations. Herzliche Grüsse.
Salutations cordiales.
Je l’ai revu depuis et, en fait, ce n’est pas si mal, même si c’est très en-deçà du magnifique « Paramatta »