Model shop (Jacques Demy, 1969)

En Californie, un jeune homme traverse une crise dans son couple, doit trouver 100 dollars pour garder sa voiture de sport et rencontre une superbe Française qu’il décide de suivre…

Le début du film, collection de signes hippies agencés sans la moindre réflexion, laisse présager un navet complètement ringard, genre film d’auteur européen bouffé par sa fascination béate pour la contre-culture américaine. Model shop, c’est un peu ça. Mais ce n’est pas que ça. C’est aussi la présence d’Anouk Aimée dont la beauté sophistiquée illumine ce film de hippies. Après un certain surplace narratif, le sujet de l’oeuvre est révélé lorsque l’ordre d’incorporation pour le Viet-Nam est reçu par le héros. Il y a ensuite quelques notations intéressantes et typiques de Jacques Demy à propos de l’engagement, des contingences et de l’amour mais le développement des états d’âme des personnages est trop verbeux pour emporter l’adhésion. Stylistiquement, on est à l’opposé de la grâce lyrique des Parapluies de Cherbourg (difficile de ne pas faire l’analogie départ au Viet-Nam/départ en Algérie). Model shop, s’il ne fait pas partie des pires ratages de Jacques Demy, ne figure donc pas non plus parmi ses franches réussites.

3 commentaires sur “Model shop (Jacques Demy, 1969)

  1. Personnellement, c’est un film que j’aime beaucoup même si sa grâce est moins immédiatement séduisante que dans les chefs-d’oeuvre du maître. J’aime son rythme alangui, cette manière qu’à Demy de filmer de longues filatures et de suggérer une perte du sens qui m’apparaît comme assez typique du cinéma mondial de la fin des années 60.
    On est plus proche d’Antonioni que des « parapluies » mais c’est très intéressant et très émouvant aussi de revoir Anouk Aimée près d’une d’une dizaine d’années après « Lola »…

  2. tout à fait, j’ai pas mal songé à Antonioni en écrivant ma note mais j’osais pas faire le rapprochement avec Zabriskie Point, trop facile et sans doute plus trompeur qu’il n’y parait.
    évidemment, cette similarité n’a pas pesé en la faveur du film en ce qui me concerne.

  3. sans doute le plus « nouvelle vague » des films de Demy;je préfère de loin ses deux successeurs le lumineux « Peau D’Ane » dans les chateaux de la renaissance ou le veneneux « pied piper  » dans l’obscur moyen-age. »model shop » n’eut aucun succès à sa sortie: ce n’est pas toujours une preuve,mais là…

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