Au grand balcon (Henri Decoin, 1949)

Les héroïques débuts de l’Aéropostale à peine romancés par Joseph Kessel.

Le film est axé autour des rapports entre le directeur de la Ligne, extrêmement dur, et son pilote principal, bel as de l’aviation. Soit Fresnay-Daurat face à Marchal-Mermoz. Le film est sec et réaliste. Il n’y a pas de maquette faisant des acrobaties au-dessus des montagnes comme dans Seuls les anges ont des ailes. Les avions ne sont vus que depuis la piste. Les accidents ont principalement lieu hors-champ. Ce sont leurs répercussions sur le moral des pilotes de la Ligne qui intéressent les auteurs. L’obstination (mâtinée d’une sorte d’homosexualité refoulée envers son pilote principal) de Daurat frise la psychopathie et c’est ce qui fait qu’Au grand balcon n’est pas un bête panégyrique adressé aux héros de l’aviation mais un film relativement complexe.

Fresnay est l’idéal interprète de cet aventurier quasi-mystique. Sa voix à la fièvre aristocratique, de même que la magnifique musique de Kosma, insuffle un lyrisme bienvenu aux images. Bref, Au grand balcon est un bon film, digne et parfois beau, qui aurait pu être grand si Decoin avait atténué le schématisme conventionnel de certains traits pour privilégier le naturel des scènes. Les passages mettant en scène des non-aviateurs pâtissent particulièrement de ces ficelles grossières qui ternissent quelque peu l’austère beauté du film.

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