La fille de nulle part (Jean-Claude Brisseau, 2013)

Un veuf retraité recueille une jeune femme qui s’est faite tabasser devant son pallier. Bientôt, des évènements surnaturels ont lieu.

Ejecté du sérail après ses déboires judiciaires, Jean-Claude Brisseau a autoproduit son dernier film et l’a tourné dans son appartement parisien. Hanté par la vieillesse, le mystère de la mort et les jeunes filles désormais inaccessibles, il ne prend pas toujours soin d’inscrire ses obsessions dans un cadre naturel et réaliste. A cause d’une écriture mal dégrossie, La fille de nulle part apparaît souvent trop théorique (ainsi de la conversation avec le copain devant la Seine). De plus, Brisseau, qui interprète le rôle principal, est loin d’être un acteur-né et il faut du temps et beaucoup de bonne volonté au spectateur pour se faire à la faiblesse de son jeu. L’utilisation de l’adagietto de Mahler -le même que dans Mort à Venise– déçoit également de la part d’un cinéaste qui, avec ses précédents films, nous avait habitués à des choix musicaux plus originaux.

Les bavardages où le professeur semble découvrir la lune à propos de la finalité politique des textes sacrés sont certes plus risibles qu’autre chose tant ils sont filmés sans la moindre distance de la part du cinéaste mais ce serait limiter injustement la portée de l’oeuvre que de s’y arrêter. En effet, les considérations théologico-historiques des personnages apparaissent dérisoires au regard des dernières séquences qui font apparaître l’ensemble du film comme un beau songe mélancolique racontant une histoire finalement analogue à L’aventure de Mme Muir. Enfin, si l’extrême-modicité du budget appelle l’indulgence à plusieurs reprises, le metteur en scène réussit grâce à des moyens archaïques plusieurs tours de force qui démontrent le pouvoir du cinéma avec autant de force qu’un morceau de bravoure de Spielberg. Il parvient par exemple à distiller une sacrée frayeur avec une femme habillée d’un drap blanc.

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