Thé et sympathie (Vincente Minnelli, 1956)

A l’occasion d’une réunion d’anciens étudiants, un homme retourne à l’université et se souvient de sa jeunesse. Ses problèmes d’intégration au groupe mais aussi sa première expérience sexuelle avec l’épouse de son professeur de sport…

Oui, Thé et sympathie est l’adaptation d’une pièce de théâtre new-yorkaise initialement mise en scène par Elia Kazan. Mais qu’importe puisque les nombreux dialogues sonnent toujours vrai et que les comédiens sont d’une perpétuelle justesse.
Oui, les allusions à l’homosexualité de l’oeuvre originale ont été gommées par le traitement hollywoodien. Mais qu’importe puisque la portée de l’oeuvre s’en trouve intelligemment généralisée.

Thé et sympathie est un miracle de délicatesse et de sensibilité. Les auteurs condamnent un système et des valeurs sans jamais condamner les hommes qui vivent avec. Cette bouleversante apologie des sentiments figure, aux côtés de L’horloge et Il faut marier papa, parmi les chefs d’oeuvre de la veine feutrée de Vincente Minnelli.

8 commentaires sur “Thé et sympathie (Vincente Minnelli, 1956)

  1. Délicatesse,sensibilité,discrétion,un très très beau film de Minnelli,immense metteur en scène qui a parfois été un tout petit peu « clinquant ».

  2. oui mais il a également réalisé des chefs d’oeuvre dans cette veine plus « clinquante » (je préfère le terme de « flamboyant »): Comme un torrent, Celui par qui le scandale arrive.

  3. « Oui, les allusions à l’homosexualité de l’oeuvre originale ont été gommées par le traitement hollywoodien. Mais qu’importe puisque la portée de l’oeuvre s’en trouve intelligemment généralisée. »

    Je ne suis pas du tout d’accord avec ton point de vue. Justement, la force de l’histoire originale (valable hier comme aujourd’hui) était de montrer les forces de la répression identitaire et des conventions sociales. Et de l’intelligence d’une femme mure qui initie au sexe une jeune homo pour lui faire comprendre et accepter… qu’il préfère les hommes. Sujet complexe et sacrément culotté, pas généraliste du tout mais au contraire très spécifique. Dans son film, Minnelli (comme toujours) n’ose pas aller jusqu’au bout du sujet qu’il traite et fait basculer le tout dans le contresens complet au dernier moment. La stupidité de la mention du mariage du héros dans la dernière scène annule l’efficacité de tout ce qui a précédé. Le style et l’élégance de la réalisation et des comédiens sont indubitables mais le retour à l’ordre final est impardonnable. Enfin, j’aime à imaginer que Tennessee Williams à continué à sa manière l’histoire de « Tea & Symathy » avec « La chatte sur un toit brûlant »…

  4. ben justement, le fait que l’homosexualité soit gommée du traitement en fait un film sur la difficulté pour une nature hyper-sensible de vivre dans un environnement social pesant représenté ici par la virilité affichée avec ostentation du prof de sport et des autres élèves. Minnelli traite bien son sujet mais celui-ci est différent, moins ambitieux peut-être.

    le mariage je ne m’en rappelle plus, ça doit faire deux ans que j’ai vu le film faut dire. si j’ai encore la K7, je regarderai ça et je te promets d’user de toute ma mauvaise foi pour justifier ce que tu considères comme un retour à l’ordre.

  5. Là, je ne vous contredirai pas.
    Un « miracle », oui. J’ai le souvenir d’avoir découvert ça il y a bien longtemps, à un âge où l’on craint un peu de tomber sur quelque chose de mièvre et/ou de guindé. Or ce fut bien une sorte de choc, de trouver cela si juste, si émouvant.

  6. Comme un torrent et Celui… sont effectivement des chefs-d’oeuvre, flamboyants.J’employai clinquant à dessein par rapport à l’intimisme feutré de Thé…

  7. […] Ce petit film d’une heure est une des plus terribles dissections de la méchanceté jamais vues sur un écran. Le génie de Jacques Nolot (qui a écrit le film) et Paul Vecchiali est d’avoir organisé une progression implacable vers le drame à partir de faits a priori banals. Ainsi, l’universalité de l’étude comportementale se nourrit du réalisme de l’environnement et de la psychologie des personnages. Au fur et à mesures des verres ingurgités, les jeux et les codes des piliers de bars révèlent la cruauté et la perversité qui les sous-tendent. On n’avait vu critique du machisme plus percutante depuis Thé et sympathie. […]

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