Céline (Jean-Claude Brisseau, 1992)

Une infirmière recueille une jeune fille qui a tenté de se suicider. Des miracles s’ensuivront.

Céline n’est pas tant un film sur le mysticisme qu’un film sur la dépression et la consolation. En effet, le personnage principal est bel et bien l’infirmière, magnifique personnage de femme dévouée et meurtrie joué avec une désarmante simplicité par Lisa Hérédia. La mystérieuse Céline n’est finalement présente que pour l’aider à se reconstruire lors d’un moment décisif de sa vie. C’est le plus beau personnage de dépressive du cinéma français après Marie Rivière dans Le rayon vert. Comme Eric Rohmer, qui lança sa carrière cinématographique, Jean-Claude Brisseau est à l’opposé de tout modernisme psychanalytique. Le trouble du personnage est traité sur un mode que l’on pourrait qualifier de « murnalcien » (rappelant Murnau). Elle est en proie à des forces primitives symbolisées par l’ombre et la lumière.

C’est naïf mais c’est beau car Jean-Claude Brisseau a une foi dans ce qu’il raconte qui exempte son film de tout second degré malvenu en même temps que de toute lecture politique, sentimentale ou sociologisante. Il ose l’introduction du fantastique. Sa mise en scène est d’une pureté archaïque qui sait s’autoriser de belles envolées lyriques. Je pense notamment aux plans où l’infirmière soigne ses divers malades. Quelle idée remarquable que d’avoir associé la sublime musique composée par Georges Delerue pour la (passionnante) série Tours du monde, tours du ciel aux corps endoloris des vieillards de la campagne! Quel amour de l’auteur pour sa matière humaine! Un amour vrai, entier, exprimé sans fioriture démagogique ni sentimentale. Jamais le travail d’un médecin n’avait été aussi magnifié dans le cinéma français.

En définitive, Céline est un vrai beau film qui, après plusieurs films tirés de son expérience d’enseignant pouvant satisfaire (et leurrer) les sociologues à la petite semaine, affirmait plus que jamais la singularité de l’anachronique Jean-Claude Brisseau.

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