La mariage de Chiffon (Claude Autant-Lara, 1942)

Au début du XXème siècle, une jeune fille de bonne famille est courtisée par un vieux colonel des dragons tandis que des sentiments nouveaux s’éveillent en elle à l’égard de son oncle inventeur.

Adapté d’un roman de Gyp, Le mariage de Chiffon est un film moderne réalisé à partir d’éléments désuets. Les personnages sont peints par petites touches et la narration est quasi-impressionniste dans sa première partie.  Claude Autant-Lara et Jean Aurenche, dont c’est la deuxième collaboration, ont une légère et saine distance par rapport à leur sujet. D’où une tonalité tendrement ironique qui n’a rien à voir avec l’aigreur dont ils feront preuve dans leurs films d’après-guerre. Pas encore académique, le style du réalisateur est ici superbement classique. La perfection des décors, des costumes et de la photo n’empêche le rythme d’être enlevé ni n’étouffe le dynamisme et l’inventivité de la mise en  scène qui abonde en détails concrets et réalistes (l’ouverture de la portière d’une voiture de la Belle-Epoque!).

Odette Joyeux quoique douze ans trop vieille pour le rôle ne manque pas de fraîcheur. Les seconds rôles hauts en couleur sont délectables. Citons  Robert Le Vigan en huissier pris de remords et Larquey en majordome bienveillant. La consistance de leur caractérisation prolonge parfois l’intrigue de ramifications nouvelles. L’histoire traite, mine de rien, des débuts de l’aviation tout autant que de la transformation d’une jeune fille en femme. Le tout aboutit à une gentille célébration des élans anticonformistes. Ce qui, outre le dynamisme de la mise en scène, distingue Le mariage de Chiffon des films d’Autant-Lara des années 50 fustigés par Truffaut est l’amabilité de l’ensemble des personnages (à l’exception certes de la mère crispée sur sa position sociale). Même le désir du colonel pour une femme qui pourrait être sa fille n’est pas montré comme sordide. Tout est léger, élégant, guilleret (et sauvé de l’inconséquence par la parfaite rigueur de l’écriture).

Le talent classique qui éclate dans cette brillante fantaisie annonce le chef d’oeuvre dramatique Douce que le cinéaste réalisera un an plus tard avec la même actrice: Odette Joyeux.

5 commentaires sur “La mariage de Chiffon (Claude Autant-Lara, 1942)

  1. Je suis heureuse d’avoir retrouvé l’origine de mon surnom Chiffon que m’a donné mon père depuis que je suis petite (je suis née en 1950).

    Je savais qu’il s’agissait d’un personnage de film mais je n’avais jamais pensé à ce jour à faire une recherche sur internet.

    Merci de m’avoir éclairée.

    Pour la petite histoire, peut-être par esprit de contradiction, je n’ai jamais été une bonne ménagère. J’ai toujours eu horreur des chiffons, des « lavettes » et des serpillères. Je me suis réconciliée avec eux depuis qu’ils sont en microfribres !

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