Une homme endetté tente d’épouser sa cousine qui vient d’hériter…
Quelques westerns français et américains, quelques bandes des opérateurs Lumière, quelques films de Griffith, Capellani, Méliès et Max Linder constituent l’essentiel de ce que j’ai vu de la production cinématographique d’avant 1914. Autant dire que je connais très mal cette période où le cinéma français était le premier du monde. C’est pourquoi je ne saurais dire dans quelles mesure ce moyen-métrage de Léonce Perret est en avance sur son temps. Toujours est-il qu’il n’y a guère que dans certains courts de Griffith que j’avais déjà vu un découpage aussi souple et aussi assuré. Ici, les séquences ne se limitent pas à des tableaux comme c’est souvent le cas dans le cinéma primitif. La gestion d’un suspense tel que le moment où le fiancé se fait tirer dessus dénote de la part de Perret une compréhension intime des possibilités du septième art.
Les ressorts dramatiques sont parfois ceux d’un vulgaire mélo mais le décor naturel de Kador en Bretagne ancre le récit dans une réalité géographique, à la manière des futurs grands films américains et suédois. Trois ans avant Forfaiture, le travail sur la lumière, particulièrement variée, enrichit également la mise en scène. Mais toutes ces qualités ne sont pas encore ce qui impressionne le plus dans ce Mystère des roches de Kador. Ce qui impressionne le plus, c’est cette deuxième partie du film qui voit l’héroïne amnésique revivre son traumatisme grâce à la projection d’un film. Psychanalyse et méta-cinéma en 1912. Voilà qui devrait alimenter la glose de nos gloseurs professionnels si ceux-ci daignaient se pencher sur ce pan injustement méconnu du cinéma français.
[…] à repenser quelque peu l’histoire du septième art et ses jalons couramment admis. Le mystère de roches de Kador montrait déjà l’intelligence qui était celle de Léonce Perret quant à ses moyens de […]
J’ai découvert ce film hier ; effectivement, une belle découverte, avec une seconde partie très novatrice, avec ce film dans le film (une spécialité de Perret), cette utilisation psychanalytique du cinéma… J’aime bien l’idée d’un blog sans « proposition de cinéma » 🙂 Et si en plus, il n’y a pas « d’objets filmiques d’une sidérante et hypnotique virtuosité », ça me plait encore plus 😉
merci…L’enfant de Paris est encore mieux, ça devrait vous plaire (si vous ne l’avez pas déjà vu)
Non, pas encore, mais il est dans le coffret Gaumont, donc je le verrai très vite 🙂
[…] en scène dont la facture souvent théâtrale dénote une régression par rapport aux formidables Mystère des roches de Kador, Enfant de Paris et autres Roman d’un mousse (sans que ce primitivisme ne porte […]