Menaces (Edmond T. Gréville, 1939)

Entre les accords de Munich et la libération de Paris, la vie dans un hôtel parisien accueillant divers étrangers…

En vérité, la grande majorité du récit se déroule avant la guerre: Edmond T.Gréville a tourné une fin supplémentaire en 1944 pour la nouvelle ressortie de Menaces qui avait été interdit par les autorités d’occupation. C’est en effet un des très rares films français des années 30 à faire explicitement référence au contexte international d’avant la seconde guerre mondiale. En se focalisant sur un groupe de réfugiés dans un hôtel, il s’insère dans la tendance « chorale » du cinéma de l’époque (tel que pratiquée par Yves Mirande ou Jean Renoir) tout en faisant de ce contexte international son sujet profond. Après un début un peu laborieux (la grande Mireille Balin n’est pas crédible en soubrette), les différentes intrigues sont unifiées par le pessimisme délétère de l’auteur qui prend clairement parti contre les forces de renoncement. Une sombre grandeur, alimentée par de multiples trouvailles imaginatives, finit par transcender le huis-clos étouffant. En frottant les conventions de son temps (cinéma choral et réalisme poétique) à un réalisme brûlant, Edmond T.Gréville a donc réalisé un film à la beauté inédite.

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