Dans un quartier de New-York où les pauvres vivent à côté des riches, une jeune femme dont est amoureux un architecte tente de maintenir son petit frère dans le droit chemin tandis qu’un gangster en cavale revient voir sa mère…
L’exemple typique du film intéressant mais raté. La volonté de réalisme social achoppe sans cesse sur la fausseté du style. Peu de films américains ont ainsi mis en exergue le fossé entre les classes et encore moins n’ont pas cédé à la facilité réconciliatrice du happy end. Malheureusement, le schématisme des caractères (quoique parfois joliment nuancé par le récit), les décors de studio et la contrainte qui semble peser sur chaque mouvement d’acteur nuisent à la vérité de la représentation. Loin d’accompagner le flux de la vie comme chez Ophuls, les amples mouvements d’appareil contribuent paradoxalement à figer la mise en scène tant chaque déplacement de figurant leur est subordonné. L’utilisation de la profondeur de champ par Gregg Toland préfigure Citizen Kane à plusieurs endroits mais cela reste anecdotique. La crudité frappante des scènes de violence n’ôte guère à Rue sans issue son côté artificiel et démonstratif. Produit par le même Goldwyn, traitant un thème analogue, disposant du même atout principal (la sublime Sylvia Sidney) et souffrant des mêmes carences de départ (studio & origine théâtrale), le Street scene de King Vidor était plus réussi car il opérait mieux la synthèse entre les différents éléments de la mise en scène.