Rapt à l’italienne (Dino Risi, 1973)

Parti en week-end avec sa jeune maîtresse, un industriel est pris en otage par des braqueurs d’extrême-gauche en cavale.

Plus qu’une satire amusante mais somme toute superficielle de la société italienne, cet argument est l’occasion d’une réflexion amère sur la virilité contemporaine. Rarement comédie aura été aussi malaisante qu’après la rupture de ton -et de rythme- au moment de l’arrivée du groupuscule dans le château du général retraité. Aussi bien que le comique, Dino Risi manie dans ce film le suspense (préparation de l’assaut au restaurant), la cruauté et l’émotion (la fin), sans sacrifier tous ces registres à la facile dérision. C’est sa grandeur, au-delà de quelques épaississements du trait.

Eugenio (Luigi Comencini, 1980)

Sa fugue conduit les parents d’un garçon de 10 ans à s’interroger sur leur rapport à leur enfant.

Eugenio est peut-être la variation la plus amère de Comencini autour de son thème fétiche: l’enfant en mal d’amour. Le désespoir est d’autant plus glaçant qu’il est tranquille, à l’opposé de l’apothéose lacrymale de L’incompris. Avec sa finesse coutumière, l’auteur brocarde une société tellement rongée par l’individualisme (sexe, carriérisme, lubies politiques) que les jeunes adultes négligent leur devoir le plus élémentaire: s’occuper de leur progéniture. Le constat désenchanté sur son époque n’implique pas chez lui de discours réactionnaire puisque qu’il montre aussi les tares de la société patriarcale à travers l’attachant personnage du grand-père joué par Bernard Blier. Il le fait avec simplicité et humour. Quoique la narration, faite essentiellement de flash-backs, ne soit pas aussi ramassée et synthétique que celle de ses chefs d’oeuvre de premier ordre, le sens de l’observation de Comencini reste aguerri, son trait reste piquant et, ainsi qu’en témoigne le moment où la mère se cogne à une étagère après que son fils lui ai sauté dessus, il met en scène les effusions de tendresse comme personne.