Adaptation de L’étranger de Camus, le livre que vous avez tous lu au lycée.
Quand on découvre ce film après 40 ans d’invisibilité, on comprend que divers ayant-droits aient longtemps empêché sa diffusion. L’étranger est en effet le seul véritable navet parmi les quatorze longs-métrages réalisés par Luchino Visconti. Il faut dire que le roman à partir duquel il a été adapté n’a déjà pas un grand intérêt. Il n’y a pas grand-chose à illustrer or comme la mise en scène est essentiellement illustrative…Visconti semble en effet avoir été bouffé par la colossale production de Dino de Laurentiis tant le film est dénué de style.
Les scènes de tribunal (la moitié du film) sont particulièrement ennuyeuses. Parfois, des traits de caractère qui, du fait du détachement du narrateur apparaissaient suggérés dans le roman, deviennent caricaturaux à l’écran. Voir par exemple le grotesque du passage avec le juge d’instruction, passage dont l’indigence formelle a plus à voir avec un western spaghetti qu’avec ce à quoi nous avait habitué le cinéaste. De plus, Mastroianni, star incarnant la classe et l’assurance virile est parfaitement inadéquat pour jouer Meursault, homme médiocre, sans volonté, vide de coeur et d’esprit. Enfin, la langue italienne dans la bouche de supposés pieds-noirs ajoute à la fausseté de l’ensemble.
Un bon point tout de même: L’étranger est l’occasion de voir une Anna Karina appétissante comme jamais. Dorée et humide, elle est ici autrement plus sensuelle que chez son Pygmalion helvéto-puritain.