Après une tentative de suicide, une femme est recueillie par le médecin d’un petit village côtier…
Un très beau mélodrame. L’intrigue, basée sur l’honneur, la virginité et la maternité, pourra apparaître désuète à un spectateur contemporain mais elle est fondée sur une réalité, celle de l’oppression de la femme par une société patriarcale, réalité qui fut très bien décrite notamment par Luigi Pirandello dans son premier roman (L’immortelle) et qui perdure aujourd’hui dans certaines familles du sud de l’Italie.
Derrière une forme simple et théâtrale, les auteurs restituent toute la complexité d’une situation et évitent les facilités narratives qui auraient consisté à désigner un méchant, un gentil et une victime. Au cours de l’histoire, chacun des trois personnages principaux (l’ancien amant, le mari, la femme) fera du mal aux autres en se montrant obtus, cruel ou injuste. Il ne s’agit pas de dire simplement « dans ce monde, tout le monde à ses raisons », il s’agit de retracer le cheminement qui permettra au couple principal de se débarasser de ses démons intérieurs pour mieux aimer l’autre. La femme est hantée par un souvenir douloureux, le docteur devra sortir de la mélancolie dans laquelle l’a plongé la mort de son épouse.
Cette quête de l’harmonie générale, intime et sociale, effectuée avec l’aide d’un prêtre bienveillant rappelle les films de Leo McCarey d’autant qu’elle culmine lors de moments sublimes au cours desquels Rafaello Matarazzo fait preuve d’une inspiration qui n’a rien à envier à celle de l’auteur de Ce bon vieux Sam. Ainsi de l’enchaînement de la séquence à la gare avec le mariage, enchaînement d’une pureté qui n’appartient qu’aux plus grands.