Un homme est mort (Jacques Deray, 1972)

A Los Angeles, un Français tue un homme d’affaires puis est lui-même pourchassé par un tueur.

Cet essai de polar français dans un cadre américain est raté pour les causes suivantes:

  • des dialogues uniquement français qui altèrent aussi bien la vraisemblance que la sensation de décalage entre le tueur et son environnement
  • l’absence totale de crédibilité des premières scènes où le héros échappe aux balles de l’autre tueur
  • le caractère trop tardif de la révélation de ce qui a poussé le tueur à tuer. Le fait de savoir d’emblée que c’est un monsieur tout-le-monde aurait facilité l’identification à son personnage antipathique
  • le caractère téléphoné de l’embryon de romance

Reste un exotisme qui, aujourd’hui que le mode de vie américain est familier au public français, a fait long feu (la famille qui mange devant la télé, les bikers, les bars top-less, les grosses voitures…), quelques poursuites bien réalisées et un final étonnamment sanglant. C’est peu, au regard de la médiocrité du scénario.

Middle age crazy (John Trent, 1980)

Crise de la quarantaine chez un bourgeois américain.

Film tiré de la chanson éponyme de Sonny Throckmorton immortalisée par Jerry Lee Lewis (qui a co-écrit le scénario). Ce n’est pas du Blake Edwards mais c’est bien vu, tendre et touchant voire non dénué d’une certaine complaisance. Figurer la crise de conscience avec des inserts « mentaux » est facile mais efficace.

Bye bye Birdie (George Sidney, 1963)

Un chanteur pour adolescentes partant pour l’armée, la secrétaire d’un songwriter new-yorkais suggère à Ed Sullivan d’organiser une émission de télévision dans une petite ville de l’Ohio où la star embrasserait une lycéenne choisie au hasard.

Ça satirise tous azimuts: un sujet à la Embrasse moi, idiot, mâtiné d’éléments sur la Guerre froide qui rappellent La brune brûlante; le tout traité sous forme de comédie musicale pour ados. Ce n’est pas aussi brillamment écrit que le chef d’oeuvre de Billy Wilder, il y a quelques baisses de rythme notamment parce que les numéros musicaux sont inégaux, mais c’est quand même souvent drôle. Comme dans le chef d’oeuvre de George Sidney, Kiss me Kate, le caractère polyphonique du récit séduit.

Les inventions formelles (plans à la grue, split-screen, stylisation des couleurs…) foisonnent au service du mouvement, les acteurs ne brillant plus par leurs talents dansants comme ils pouvaient briller du temps de l’âge d’or du genre dix ans auparavant. La musique, elle, par contre est brillante: le rock&roll est pastiché avec une verve qui a bien plus qu’inspiré les futurs auteurs de Grease.

Ce pourquoi Bye bye Birdie ne figure pas parmi les chefs d’oeuvre de Sidney -outre les quelques relâchements du rythme- c’est sa complaisance dans le mauvais goût qui dénote une attitude trop purement ricanante vis-à-vis de son sujet; attitude qui l’empêche de s’élever vraiment au-delà des jouissances de la satire, particulièrement dans tout ce qui a trait aux adolescents. Il n’en reste pas moins un film virtuose et très divertissant.

 

The swinger (George Sidney, 1966)

Pour se faire publier dans une revue, une jeune autrice envoie un texte érotique faisant croire qu’il s’agit de son autobiographie sexuelle.

Le montage accroît la vulgarité de cette satire grossière, efficace et roublarde qui fait feu de tout bois (accélérés, chansons, voix-off, burlesque…) pour moquer l’hypocrisie de la société américaine et qui étonne par sa liberté de ton, deux ans avant Woodstock, trois ans avant Easy rider.

Le prophète (Dino Risi, 1968)

Ayant tout plaqué pour vivre en ermite, un ancien employé de bureau est forcé de retourner à Rome où il rencontre une hippie.

Décousue, laide et caricaturale, cette satire de la société de consommation est un échec (et cet échec fut reconnu en tant que tel par son réalisateur, sa vedette et son scénariste Scola, trio à l’origine de tant de réussites).

L’homme à la Ferrari (Dino Risi, 1967)

Récemment devenu grand-père, un riche industriel italien vit une crise existentielle et s’entiche d’une camarade de son fils…

Qui mieux que Dino Risi et Vittorio Gassman pour faire un film sur le démon de midi chez le mâle italien ? De fait, ils jouent sur du velours, appréhendant avec une justesse des plus incisives les tourments de leur personnage archétypal. En particulier, l’impossibilité dans cette situation de prendre une décision donne lieu à de belles scènes tragicomiques. Toutefois, Il tigre ne se hisse pas à la hauteur des chefs d’oeuvre de Risi car le style manque de la souplesse propre aux chefs d’oeuvre du cinéaste: les seconds rôles se réduisent à des prétextes pour étayer le propos, des accents grotesques sont bizarrement intégrés (les chats qui commentent l’action) et la photo est d’une rare laideur. De plus, dans le rôle de la jeune fille, Ann-Margret est un choix de distribution des plus discutables: même si elle devient de plus en plus jolie au fur et à mesure du film (et donc au fur et à mesure que Gassman tombe amoureux), il est difficile de croire qu’un homme, qui plus est un homme marié à la somptueuse Eleanor Parker, devienne fou d’elle. Ces quelques réserves n’empêchent pas Il tigre d’être une bonne comédie dont j’ai apprécié le fait qu’elle ne résout pas artificiellement le dilemme qu’elle a exposé.

L’amour en quatrième vitesse (Viva Las Vegas, George Sidney, 1964)

A Las Vegas, deux coureurs automobiles tombent amoureux d’une maître-nageuse…

George Sidney ne se donne pas la peine de faire croire aux niaiseries qu’on lui a demandé de raconter (le scénario est particulièrement nul)  mais cadre bien les scènes de danse et concocte de jolies couleurs. Evidemment, il y a de bonnes chansons (excellente interprétation de What I’d say) mais Elvis ne se révèle pas un grand acteur.

La diligence vers l’Ouest (Stagecoach, Gordon Douglas, 1966)

Une diligence avec à son bord une prostituée, un bandit, un docteur alcoolique, un banquier, et un joueur part vers l’Ouest à travers les territoires indiens…

Remake habile et parfaitement inintéressant du grand classique de John Ford. Les vertus de concision de l’original ont laissé place à une lourde explicitation des caractères et des enjeux dramatiques, bien dans l’air du temps.