Pendant la seconde guerre mondiale, des troupes américaines entreprennent la conquête d’une île du Pacifique…
Ce qui frappe d’abord, ce sont les vingt premières minutes consacrées à la progression des hommes qui débarquent. Quasiment pas de dialogue, aucune caractérisation individuelle des fantassins, uniquement la guerre et ses détails gores. Avant de tourner Il faut sauver le soldat Ryan, Spielberg a probablement vu ce film dont des réminiscences se retrouvent également dans La ligne rouge (la mélancolie détachée, la voix-off très présente, l’importance de la nature) et dans Lettres d’Iwo Jima (le contrechamp japonais).
Cette modernité d’approche se traduit également en termes stylistiques. Les habituels flashbacks qui permettent de présenter les personnages ont ici la forme d’images fixes. Cette originalité formelle donne à Beach red des allures de film de Fuller revu par Alain Resnais. Loin d’être stérile, le parti-pris s’avère payant sur le plan émotionnel, l’immobilité de l’image accentuant l’éloignement du souvenir.
Même s’il ne convainc pas à 100% à cause de quelques coups de mou au niveau du rythme et d’un découpage qui n’a pas la vivacité d’un Fuller ou d’un Walsh, Beach red est un beau film où la conviction pacifiste de l’auteur se traduit par des idées variées et parfois touchantes (la fin, aussi simple que terrible).