Guêpier pour trois abeilles (The Honey Pot, Joseph L. Mankiewicz, 1967)

Un esthète retranché dans son palais vénitien convoque trois femmes de sa vie et leur fait croire qu’il est sur le point de mourir.

Loin d’Hollywood, Mankiewicz laisse libre cours à ses penchants -théâtralité, dandysme, ironie- non sans une certaine complaisance. 2h11 pour une resucée post-moderne de Volpone, c’est long. La somptuosité du décor, la qualité de l’interprétation (Rex Harrisson, tellement moins cabotin qu’Harry Baur) et, surtout, une once de tendresse -patente dans le dernier plan- rendent Guêpier pour trois abeilles plus supportable et attachant que les films ultérieurs du maître: Le reptile et Le limier.

Casanova (Alexandre Volkoff, 1927)

De Venise à Saint-Pétersbourg, les aventures de Casanova.

Adaptation peu fidèle des mémoires du mythique aventurier, ce Casanova impressionne par sa mise en scène à grand spectacle et en décors naturels (magnifique carnaval de Venise colorié au pochoir) plus que par sa consistance dramatique (séquence de prise de pouvoir de Catherine II bien faite mais qui apparaît comme une digression décorative en plus de faire pâle figure face à L’impératrice rouge, qu’elle préfigure cependant). Le vieux et cireux Mosjoukine est peu crédible dans le rôle du grand séducteur, quoique moins irritant que dans d’autres films.

Venise, la lune et toi (Dino Risi, 1958)

A Venise, un gondolier sur le point de se marier ne peut s’empêcher de séduire deux touristes américaines…

Une comédie mineure mais rendue tout à fait plaisante par l’abattage de Sordi qui joue un héros d’une veulerie étonnante, l’utilisation habile des ficelles éprouvées de la comedia dell arte (le baiser dans le noir!) et le charme de Venise mise en valeur par un Eastmancolor à la somptuosité inattendue (la luxuriance de certains plans est digne de Minnelli).

Âmes perdues (Dino Risi, 1977)

Pour ses études à Venise, un jeune homme déménage chez sa tante, qui a une relation très étrange avec son oncle.

Dans un genre où on ne l’attendait pas -le thriller horrifique à la Bunny Lake a disparu-, Dino Risi livre un exercice de style limité car tout entier tourné vers le mystère autour de sa révélation finale (ainsi de l’amourette étudiante traitée par-dessus la jambe), mais assez efficace car, soutenu par l’interprétation démente de Vittorio Gassman, il fait preuve d’un talent aussi certain qu’inattendu pour susciter l’angoisse.